giovanni giannini

gérard xuriguéra

1988 presentation Gérard Xuriguéra

for the exhibition in marie-thérèse cochin gallery - paris

 

La peinture de Giovanni Giannini, n’a cessé de dire l’homme dans la ville, aux prises avec un environnement hostile, otage de pôles d’attraction répressifs, pluriels et incongrus, qui en gouvernent la mise en forme. À ceci près, qu’auparavant, les lieux et les cités semblaient assujettir la totalité de l’espace, au détriment des présences humaines, et  enfermer les  corps dans un quadrillage labyrinthique ponctué de tours, d’arcades et de gares, alors qu’aujourd’hui, brisant le carcan réducteur du labyrinthe et dissipant les mailles de la géométrie, le champ s’est dilaté, l’occupation de la surface est devenue frontale, les perspectives ont subi un recentrage, favorisant une focalisation plus efficiente, l’ensemble de ces facteurs manifestant une liberté patiemment acquise.

 

Seules, sur ces sites désolés, perdurent et continuent d’avancer vers des seuils incertains, les foules en marche, anonymes et hagardes, à moins que certains faciès n’esquissent un rictus de dérision, silhouettes archétypiques dont les configurations sculpturales évoquent plutôt des armées d’ombres, voire de masques, aimantés par quelque destin collectif avorté. Car ces anatomies en exil à l’intérieur de leur solitude, sans âge déterminé, sur lesquelles se superposent des silhouettes féminines la plupart du temps dévêtues, et qui ont des allures spectrales, n’offrent souvent au regard que leur ombre, en mouvement, leurs traits estompés, effacés, leur enveloppe désincarnée. Humanité en perdition, dont les  yeux éteints se croisent rarement, et où pourtant le désir brûle, comme dans certaines pantomimes dansantes où les couples paraissent se rejoindre le temps d’un regard.

 

Mais également, ici, survit aux travaux antérieurs, le même sentiment d’étrangeté, les mêmes échappées oniriques essaimées en filigrane dans chaque oeuvre, miroir d’une expérience surréaliste de longue date digérée et refaçonnée selon les desseins du peintre.

 

La technique aussi est variée. Le geste et ses vertiges néanmoins étudiés y tiennent une part active, à l’égal du trait qui structure sans délaissement chaque sujet animé, chaque arrière-plan immobile, opposant de légers estompages aux architectures qui sourdent des fonds et en d’autres occasions, une touche volontairement sommaire et bariolée aux lourdes moirures qui sanglent les morphologies.

 

Aucun temps mort, nulle sophistication superflue, ne viennent affaiblir ces images fortes et volontaires, au sein desquelles les digressions concourent à rendre l’impression énigmatique déjà soulignée.

 

Dans ce désordre organisé, entre fantasme et réalisme, effusion et maîtrise des moyens, chacun dicernera à sa manière, la face cachée de lui-même que Giannini espère nous faire découvrir.

1988-1996 city theme

oil on canvas

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gérard xuriguéra

going for a walk - 114x78 cm