giovanni giannini

gérard xuriguéra

1990 presentation gérard xuriguéra for the exhibition

in marie-thérèse cochin gallery paris

Au confluent, par ses origines, de plusieurs cultures, fixé à Paris de longue date, mais italien par sa structure mentale, Giannini ne s’est jamais affranchi d’une réalité dont il n’a cessé de questionner les composantes sociales. En effet, il a toujours axé son approche sur une certaine typologie populaire, saisie dans des situations soit aliénantes, voire oppressantes,soit narquoises ou truculentes.

Cependant, ses personnages, ses nus, ses voitures, ses édifices, ses gares, dénotent une mémoire active, constituée de toutes les sédimentations affectives qui ont marqué l’itinéraire émotionnel de l’être. Et plus l’émotion a été prégnante, plus elle imprègne en profondeur les tissus de la peinture.

Mais eu égard à ces choix thématiques et à leurs fondements, on pourrait y voir une inclination idéologique caractérisée, alors qu’il s’agit simplement d’un témoignage sur l’environnement quotidien tour à tour agressif, attendri, cocasse ou halluciné, qui nous entoure. Et cette réaction contre les excès d’une société incertaine, passe davantage, ici, par la dérision.

Comme chez Goya ou Picasso, pour ne citer que des aînés prestigieux, ces images penchent continuellement entre la pénombre et une lumière trop crue, la nostalgie et l’actualité, le plaisir et la mort.

Dans les derniers travaux de Giannini, la figure mythique de Pinocchio, échappée subrepticement du roman de Collodi, vient mêler son rictus facétieux, son masque de carnaval et son air de parade, à cette pantomime désenchantée, à égale distance de la fable et du réel.

Toutefois, en amont ou en aval des pierrots aux nez effilés et aux yeux dilatés, derrière ces foules anonymes et éperdues, la ronde sans but de ces femmes dévêtues, se déploient des architectures urbaines de guingois, des rues aveugles, des véhicules en attente, autant de signes qui renvoient à la solitude de notre univers conditionné et déshumanisé.

Enfin,si pour ajuster son iconographie affolée, Giannini use d’un geste apprivoisé et d’un graphisme efficacement conduit, ce qui en ponctue l’âpre vérité, c’est une joie de peindre irréductible.

 

from 1989

pinocchio theme

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gérard xuriguéra

the step - 101x75 cm - 2002